dimanche 3 juillet 2016

Comment ne pas obtenir un visa pour le Japon 2

Le 14 mai, Yagi-chan, bien décidé à me voir obtenir un permis de travail, m'emmenait prospecter dans trois resorts. Les trois se ressemblaient trait pour trait dans leur configuration (6 ou 8 villas privatives, parfaites pour une lune de miel, à partir de 50,000 yens la nuit) comme dans leur localisation (vue imprenable sur la mer) et leur architecture (toits rouges imitants les maisons traditionnelles).

Apprenant par Yagi-chan que la plus récente de ces resorts, ouverte en avril de cette année, a publié dans le journel des offres d'embauches pour trois membres du personnel, je postule par courriel. Je reçois rapidement une réponse et une offre d'entretien d'embauche.

Autre élément prometteur: le gérant est un indigène, basé à Naha où il dirige une entrepise d'mmobilier.

Je me rends à l'entretien confiant, attiché de ma plus belle chemise kariyushi (un vêtement préférentiel à Okinawa dans tout contexte officiel). Le responsable me présente les lieux, puis m'annonce rapidement que je serais parfait pour le poste de réceptionniste, mais que mes tâches seraient variés. Je participerais notamment à la composition du menu (qui comporte une importante section "cuisine française"), et on me demandera aussi de nettoyer la piscine ou d'aider en cuisine ou au service, tout en assurant un accueil de qualité mais détendu à la clientèle fortuné. Je ne cache pas mon enthousiasme à l'énoncé de cette description de poste aguichante. Et mon avenir professionnel dans cette entrpeprise me semble autant promit qu'assuré.

J'ose même penser que le feeling est réciproque, que leur désire de m'embaucher est suffisant pour se donner la peine de faire les démarches nécessaires. Au moins d'essayer. J'envoie donc les coordonnées du bureau d'immigration au responsable, qui répond toujours promptement et affirmativement.

Puis plus de nouvelles. Préférant chercher rapidement la voie d'une relation la plus directe possible avec le patron de l'hôtel, je commence à mentionner autour de moi mon désir d'y travailler, cherchant par ailleurs des connaissances potentielles dudit patron qui pourraient glisser un mot favorable à mon sujet.

Mais la seule personne capable de m'en dire davantage sur le mystérieux propriétaire, un mois et demi plus tard, est le patron d'un autre hôtel, que je rencontre après avoir passé une journée à faire des lits pour combler un peu la déficience de personnel en ce début de haute saison (à l'approche du mois de juillet). M'entendant prononcer le nom de l'hôtel dont j'attends toujours des nouvelles, quoique m'octroyant la latitude d'explorer d'autres options, il écarquille les yeux:

"- Ah non, ça m'etonnerait que ça le fasse avec cette boîte-là, mon garçon! L'ancien proprio a vendu, n'a pas payé son personnel ni remboursé les banques. Il s'est tout bonnement volatisé!
- Mais je croyais qu'ils venaient juste d'ouvrir, en avril?
- Oui, c'est ce qu'ils font croire, car la vente s'est passée en quati-mini.
- Pourtant j'ai visité l'hôtel, ils semblent faire le plein... aux tarifs où sont les chambres les affaires doivent être plutôt bonnes, non?
- Ecoute mon garçon: J'ai vingt ans de métier dans l'hôtellerie. Ce genre de resort, avec quelques villas hors de prix, ici ça ne marche pas, point barre. Les gens peuvent trouver moins cher et tout aussi bien sans problème."

Etant par ailleurs de plus en plus au fait de certaines magouilles de quelques gros bonnets avides à Miyako, et ayant vu, en tant que membre du personnel donc de l'intérieur, le rendement effectif de son hôtel, je n'eu d'autre choix que de me résigner à tirer un trait sur ce rêve naissant où je me voyais déjà réceptionniste des stars venant trouver refuge quelques nuits sur l'île paradisiaque.