mercredi 13 juillet 2016

L'île des possédants

Nico n'a pas été très impressionné par les restaurants ici, malgré de une agriculture locale riche. Je rejoins son avis et l'explique par le monopole qu'exercent une poignée d'entrepreneurs sur le commerce local. Ces quelques gros possédants ouvrent ici un resto, là un hôtel ou un bar ou encore un karaoké, dans le seul but de maximiser leur profit et au mépris de toute prétention qualitative. Ils n'y travaillent pas, ne s'investissant donc d'aucune façon autre que purement financière, et ils réduisent au minimum leurs "coûts", choisissant des produits bas de gamme ou tout juste corrects et payant leur personnel souvent en dessous du salaire horaire minimum ou, pire, au mois, faisant alors travailler leurs salariés des horaires impossibles. Ces employés souvent amateurs et peu motivés, du fait de leur maigre salaire, ne peuvent offrir un service que tout juste satisfaisant, mais vendu au prix fort à une clientèle touristique, qui suivra les "recommandations" des journaux locaux qui sont en fait des publicités déguisées. Les saisonniers aussi fréquentent ces lieux pour socialiser, faute de mieux, étant donné que la socialisation se passe ici quasi exclusivement à l'extérieur du domicile.

Ainsi le patron du café où travaille Junko pèse ici très lourd en tant que loueur de jet ski, sa principale activité, mais il a aussi racheté en catimini un izakaya l'année dernière. Il est par ailleurs, à 39 ans, gérant d'une vingtaine d'izakayas dans son Nagoya natal. Le patron du magasin de sports nautiques voisin, également natif de Nagoya, loue aussi des voitures européennes de luxe, et s'est offert récemment un yakitori. Le patron du restaurant où travaille Yagi-chan possède aussi une chaîne de magasins de proximité et plusieurs immeubles à louer. Le patron du Miyako Onsen Hotel possède aussi la clinique privée qui lui fait face...