dimanche 15 mai 2016

Connections 1

Hier soir, avant de sortir avec Yaki, je me rend chez l'ami pêcheur de Junko, Ani-san, qui veut me présenter à un ami. Yuji était hôtellier avant, et il gère maintenant plusieurs boîtes. Depuis qu'il a entendu parler de moi, il s'efforce de me trouver un petit boulot, et lorsque j'évoque mon envie de vivre au Japon parle même de me trouver une compagnie qui me donnera un visa. Pour le moment, il pense que la cueillette de tabac est un travail trop fatiguant, et préfère m'orienter vers un préparateur de bento (ベント) qui cherche actuellement un commis de cuisine: on y prépare ces boîtes-déjeuner qui offrent aux travailleurs un repas complet et varié, incluant poisson, viande, porc pâné, riz, omelette, salade de pommes de terres, de pâtes, d'algues, de légumes frits et mille autres accompagnements possibles.

Nous venons seulement de nous rencontrer mais Yuji insiste pour baser notre relation sur une confiance mutuelle, tout en préservant la qualité de ses relations existante. Ainsi il me demande de l'appeller au moindre problème, et surtout de le prévenir rapidement si le boulot ne me convenait pas. Il insiste plusieurs fois sur ce point.

Alors qu'il convient de venir me chercher le lendemain à 11h pour me présenter au patron, c'est à 9h30 que le téléphone me réveille. C'est Junko, qui me dit que Yuji cherche à me joindre et que je ferais mieux de le rappeller. Je me rendort. Dodo-kun vient me réveiller un quart d'heure plus tard, son casque de moto sur la tête, et réitère la demande, avant de repartir au boulot. Mais on avait dit 11h! 20 minutes plus tard Junko appelle de nouveau pour insister. Cette fois je consens à appeller Yuji:

"- Pierrot! On dit 12h30 pour le rendez-vous? Non, allez, 13h, au Coco Store, ça te vas?
- OK!
-Ah, sinon tu peux bosser de nuit? À partir de quelle heure, 22h c'est bon? Jusqu'à 6h du matin... enfin je sais pas trop.
- Oui, oui, bien sûr.
- Bon j'appelle mon pote et je lui dis.
- Merci, à 13h au Coco Store alors!
- Ouais, bye!"

J'ai donc largement le temps d'émerger, je passe à la douche pour effacer les moults bières bues avec Yagi. Mais le téléphone sonne à ce moment-là et j'en sors pour décrocher:

"Alo Pierrot! Tu peux être dans combien de temps au Coco Store?
- Ben... 10 minutes?
- Très bien, bon alors on dit 11h10 hein! Mon pote vient te chercher.
- Entendu! 11h10."

Je me dépêche de finir de me doucher et le téléphone sonne de nouveau:

"- Mon pote vient te chercher, hein! Tu peux y être pour 11h10, hein!
- Oui, oui, pas de soucis. Je pars maintenant!
- OK super. Salut!"

Au Coco Store l'ami de Yuji, Ishihara-san vient me chercher en voiture et m'offre un petite boisson énergisante au curcuma. En route il me redemande si le travail de nuit me convient bien. Je réponds qu'au contraire, c'est idéal car cela me laissera le temps de profiter de la mer en journée. Et sinon, je suis libre maintenant? Le travail manuel ne me fait pas peur? Ben, non. En effet nous sommes en direction d'un de ses chantier, où des ouvriers finissent de reconstruire une maison qui avait brûlé. Ishihara-san me présente à un collègue, me tend un pinceau et un saut remplit de peinture transparente qui sent la colle. Je pose mes lunettes de soleil et le contenu de mes poches sur une petite table et me met à la tâche. Après une heure, c'est la pose de midi. Ishihara-san me donne une bouteille de deux litres de thé au jasmin froid (さんぴん茶 sanpin cha, une spécialité okinawaise), et un des bento dont je participerais bientôt à l'élaboration. Il m'explique que c'est sa femme, que je rencontrerais bientôt, qui gère le bentoya (le suffixe 屋 ya dénote un magasin, ainsi du kutsuya qui vend des chaussures).

Une heure de pause plus tard, nous reprenons le turbin jusqu'à 17h. Ishihara-san me remercie alors pour mon aide et demande au collègue de me raccompagner. Je lui souhaite bon courage pour l'heure restante de travail et attend la femme de Ishihara-san qui doit venir me chercher en voiture. Ritsuko-san arrive quelques minutes plus tard pour m'emmener au bentoya, situé non loin de la plage de Painagama et à 5 minutes en vélo de chez Junko.

J'y rencontre Maekawa-san, le responsable des ressources humaines, qui s'assure que les conditions de travail me conviennent (23h à 4h, 5 heures de travail rémunérées 825 yens, avec 2 jours de congé par semaine) et me demande ma taille de vêtements et de chaussures pour préparer l'uniforme.

Je commence demain.